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Retour sur l’action collective « l’usage des écrans et leurs impacts auprès des enfants »


Un atelier animé par Claire Guignet et Mariame Sankare, travailleuses sociales au sein du service de l’AMH (Accompagnement des Ménages à l’Hôtel)

Comment est née cette idée d’atelier ? 

CLAIRE : “J’ai eu l’envie de suivre la formation du CODES (Comité Départemental d’Education pour la Santé), accessible gratuitement car j’observais une consommation importante des écrans par les enfants rencontrés dans le cadre de mes visites sur leurs lieux de vie. Je m’interrogeais aussi à titre personnel sur les incidences d’une telle consommation, étant moi-même maman et pouvant être en difficulté avec mes enfants sur cette question. La consommation des écrans est sans doute renforcée par de mauvaises conditions de vie à l’hôtel.

Peux-tu nous dire quelques mots de la formation proposée par le CODES ? 

“Elle s’est déroulée sur deux jours en distanciel ce qui n’est pas le format idéal pour ce type de formation. Il y avait beaucoup de professionnel-le-s du secteur de la petite enfance. Le premier jour est consacré à la théorie, avec, pour exemples, la définition de ce que sont les écrans (cela va bien au-delà du seul portable), les usages repérés de ces écrans et leurs impacts sur la santé. Ils ont des effets néfastes tant sur le plan physique que psychique et les repérer permet de savoir à quel moment, on peut considérer qu’il y a une conduite addictive. Les formateurs ont également fait un mini zoom sur les adolescents et nous ont remis un livret avec des ressources théoriques dédiées à ce public. La formation était donc essentiellement ciblée sur les enfants. Le deuxième jour est consacré aux outils dont peuvent se servir les professionnel-le-s dans le but de créer des ateliers de sensibilisation sur ce thème.  L’objectif recherché de cette formation est de permettre la mise en place d’actions collectives sur les structures qui accueillent et accompagnent du public.” 

Comment s’est passé ce premier atelier ? 

MARIAME : « Nous avons constaté une participation active des familles et du dynamisme dans les échanges. Nous avons donc commencé par une approche théorique mais en veillant à adapter nos interventions pour s’assurer de la compréhension de tous. Nous avons aussi fait le choix de confier que nous-mêmes pouvions être en difficulté avec nos enfants pour limiter l’usage des écrans et gérer les frustrations qu’elles induisent. La fait d’avoir témoigné en tant que mère a libéré la parole et a eu des effets positifs dans la dynamique de groupe.

CLAIRE : “ Cet atelier a réuni huit familles. Nous avons utilisé un support qui permet de faire le comparatif d’une situation où l’enfant est en présence de l’écran puis sans.  Ce support met en évidence que la présence des écrans altère et peut rompre les interactions.” 

MARIAME : “ Nous voulions que la parole soit donnée aux familles pour mieux comprendre leurs vécus et leurs attentes. On a veillé aussi à expliquer qu’il n’était pas question de porter un jugement sur les un-e-s et les autres, il ne s’agissait pas de dire –il ne faut pas- mais de permettre à chacun-e de témoigner de ses difficultés.” 

CLAIRE​ : “On a observé des réactions assez contrastées chez les participant-e-s. Certaines familles se sont livrées de façon “cash”, ont osé parler de leurs difficultés. Ce sont des observations qui pourront nourrir nos accompagnements individuels, l’idée étant de pouvoir reparler de ce qui s’est dit ou non pendant cet atelier.” 

Pouvez-vous nous faire un focus sur vos retours d’expériences après la mise en place de cet atelier ? 

“A la demande d’une dame que j’accompagne, j’ai pu l’orienter vers la bibliothèque de quartier, sensible aux propositions que nous avions cité en exemples pour éloigner les enfants des écrans et encourager des pratiques autres en termes de divertissement. Il est nécessaire d’aider les familles à accéder à d’autres supports de jeux. Nous observons souvent l’absence de jouets lors de nos interventions à l’hôtel. Il conviendrait de réfléchir à un partenariat qui puisse nous permettre d’avoir des lots de jouets (de toutes sortes, ne serait-ce que des crayons...). Nous devons sensibiliser sur la façon dont on peut diversifier le divertissement auprès des enfants sans que cela ne mobilise de moyens trop conséquents.” 

“Les familles n’ont pas parlé de leurs conditions de vie ou très peu. Seule une dame a témoigné de l’impact de ses conditions de vie comme facteur aggravant de l’usage des écrans. Elle a mis en pratique quelques préconisations évoquées lors de cet atelier. Elle a veillé à limiter l’usage du portable notamment le soir et a pu observer des effets bénéfiques sur le sommeil de ses enfants. Par contre, elle confie être en difficulté pour limiter la consommation en journée.” 

Quels sont les points de satisfaction et ceux qui seraient à améliorer ?

MARIAME : “ Nous avons pu transmettre l’ensemble des recommandations et informer des signaux d’alerte qui doivent faire réagir, car indicateurs de conduites addictives. Il a été difficile d’élargir le groupe avec les familles accompagnées par d’autres collègues.

CLAIRE : “Plusieurs collègues nous ont alertés sur les difficultés de déplacements de certaines familles : il faudrait sans doute les sensibiliser à cette problématique afin qu’ils puissent être relais de cette thématique dans le cadre de leurs accompagnements. La qualité des échanges vient souligner la question plus large de la parentalité.

Pensez-vous mutualiser cette action aux ateliers parentalité ? 

Il serait intéressant que cet atelier puisse être animé par d’autres collègues sans forcément que les référents des familles soient là. Il est aussi important de s’appuyer sur les partenaires ressources quant à cette problématique ; les réferent-e-s PASH, les PMI, les CMPP mais aussi l’institution scolaire en incluant les centres aérés, les centres sociaux, les bibliothèques, les LAEP (Lieux d’Accueils Enfants-Parents).” 

Quels seraient les messages forts à rappeler ? 

“ Veiller à ne pas être dans le jugement afin d’encourager la prise de parole des parents, transmettre de la théorie sans moralisation.  Ceci est d’autant plus essentiel que la consommation des écrans est un véritable enjeu de santé publique.” 

“On peut rappeler que la consommation excessive des écrans a pour effet de l’hyperactivité, des comportements d’agressivité, une altération importante des relations intrafamiliales, une compulsion à regarder dès lors que les écrans restent allumés. Ils créent de la dépendance, d’autant plus nocive pour les enfants qu’elle a des conséquences sur la vie scolaire, sociale et sur les rythmes d’éveil, le sommeil en est particulièrement troublé. Les professionnels de santé parlent d’une forme “d’autisme” quand l’usage des écrans n’est pas régulé. Il est fortement conseillé de proscrire les écrans avant l’âge de 3 ans, sans être dogmatique, ceci doit être un référentiel commun à tous les parents, ce qui rend donc d’autant plus nécessaire la recherche d’alternatives.” 

“En tant que professionnel-le-s, nous avons à rechercher toutes les alternatives possibles et à travailler avec les réseaux de proximité. La mise en pratique de certaines préconisations s’est avérée positive pour nous en tant que mères. “ 

“Oui, il est assez évident de constater que plus les enfants sont sensibilisés aux conséquences de l’usage des écrans, plus ils seront responsabilisés et donc enclins à comprendre qu’il faut en limiter leurs usages.” 

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